De l’Avenue des Champs-Élysées aux “forges de Vulcain” de Sarcelles

L’écriture d’une nouvelle histoire des Ateliers de construction de décor de la Comédie-Française

Bâtiment des Ateliers de construction de la Comédie-Française après rénovation – Photo © Augustin Dupuid

Après son déménagement de l’Avenue des Champs-Élysées à Sarcelles en 1984, les Ateliers de construction de décor de la Comédie-Française connaissent de petits aménagements en 2017. La célébration de fin de chantier et l’inauguration des nouvelles “forges de Vulcain”(1) de Sarcelles s’achèvent tout juste. “Si la rénovation du bâtiment était nécessaire, une mise aux normes de ses outils l’était tout autant”, nous partage Benoît Simon, en charge de la direction technique de la Maison depuis 2020. Inspirée et inspirante, son équipe a rendu la vie des Ateliers saine et sereine. De la Grèce antique à aujourd’hui, quelles visions les forges ont-elles encore en réserve ?

Atelier de décoration – Photo © Stéphane Lavoué

C’est près de 5 700 m² qui font peau neuve entre mai et décembre 2024. Un terrain de jeu que tous les métiers qui activent ces murs retrouve baigné des lumières du printemps. Des bureaux de conception au pôle de décoration-sculpture, à la machinerie, menuiserie, serrurerie, jusqu’à la tapisserie, les trente salarié.e.s auront la joie de la première couche de peinture. La cabine de peinture SPANESI, aussi blanche qu’une toile neuve et conçue grâce aux conseils d’Eurobois, illumine la visite. Plus étroite que la cabine d’un artisan-carrossier, mais adaptée au site, elle se dote d’un système de soufflerie poussant des plafonds et d’inspiration venant des sols, rendant son atmosphère moins toxique au moment de la pose de peinture.

Cabine de peinture SPANESI – Photo © Rémy Ebras

L’ensemble du bâtiment connaît la même issue et des systèmes d’aspiration de poussières de bois fabriqué par NEU JKF sont installés proches des machines, notamment de la nouvelle CNC 3 axes DBS 3121 de l’entreprise française SBC-Automation, inspirée de l’Atelier Devineau. La CNC à 5 axes de l’Atelier Devineau, une Holz-Her qui offre la possibilité de faire de la 3D, n’a pas été retenue, et réaffirme “le choix de ne pas faire disparaître des métiers”, explique Cyril Thébaud,(2) responsable du bureau d’études. Tout proche, des bras de levage (potence sur fût triangulée profil creux PFTC) allègent la matière portée des salarié.e.s au quotidien et permettent des mouvements simples de feuilles de contre-plaqué. Les technologies numériques trouvent également leur place ; ainsi, une nouvelle découpe numérique (fraiseuse numérique SBC DBS 3121) s’est installée, permettant la découpe en série. La panneauteuse s’est également vue optimisée d’un système numérique (STRIEBIG CONTROL). Toute proche de la salle des machines, une salle de prémontage des feuilles de décor se dote, selon les volontés du moment, de la possibilité d’une mise en pente à 4 %, comme celle du plateau de Richelieu. 

Menuiserie des Ateliers – Photo © Rémy Ebras

Fraiseuse numérique SBC DBS 3121 – Photo © Rémy Ebras

Potence sur fût triangulée profil creux PFTC – Photo © Rémy Ebras

Pourtant, jusqu’à aujourd’hui, les Ateliers fabriquent déjà à l’année quatre créations à destination de la salle Richelieu et cinq à destination du Studio, sans compter les reprises de décors en cours de jeu. Le Vieux Colombier fait construire ses créations en collaboration avec la MC93 de Bobigny par exemple. Alors à toutes forges égales productivité égale ? Benoît Simon balaie la question très vite : “Nous sommes encore en interrogation à ce sujet car nous avons d’autres limites qui ne sont pas celles des outils : limites de temps, d’espace et du nombre de personnes. Nous nous sommes donnés les moyens d’une nouvelle productivité ; mais si cette orientation est choisie, alors il nous faudra une organisation différente. Les phases d’assemblage et de montage demanderaient alors une équipe”. Si le bureau d’études observe jusqu’à quatre à cinq projets en même temps, les Ateliers de construction n’enchaînent qu’une seule construction à la fois, parfois deux. Benoît Simon conclut ainsi : “Nous ne pouvons affirmer que nous produirons plus, parce que ce n’était pas l’objet de ces rénovations ; celles-ci portaient principalement sur la mise aux normes réglementaires et tout reste maintenant à écrire avec ces nouveaux outils”. 

Scie circulaire-toupie FELDER KF 700 – Photo © Rémy Ebras

Décors installés sur le plateau inclinable selon la pente de la Salle Richelieu – Photo © Rémy Ebras

Dos des feuilles de décor installées sur le plateau inclinable selon la pente de la Salle Richelieu – Photo © Rémy Ebras

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La veille technologique menée au début des réflexions reste toujours active après l’achèvement des rénovations. Le pôle de recherche et développement continue son processus et reste alimenté financièrement jusqu’à son Plan de formation 2025. L’entreprise Kaïros Environnement, La Réserve des Arts et le Collectif Les Augures sont régulièrement sollicités dans le cadre de l’écoresponsabilité. Le projet n’est toutefois pas encore tout à fait achevé et Patrick Moch, directeur technique adjoint, prévient : “Le diable se cache dans les détails ; l’envergure du projet fait que tout ne peut pas être réussi à tous les niveaux à la première tentative”. Il existe une dernière phase de développement du côté des bâtiments de stockage qui n’ont pas encore été traités. Une mise aux normes est nécessaire et l’optimisation du rangement des nombreuses feuilles de décor fait encore défaut. Que Vulcain trouve enfin le repos, les Ateliers de construction de la Comédie-Française se chargent de la suite.

(1).  Qualificatif employé par Éric Ruf au sujet des Ateliers de construction de la Comédie-Française

(2).  Extraits de l’entretien téléphonique mené avec Cyril Thébaud, Benoît Simon et Patrick Moch le 11 avril 2025

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