POUSH au Palais de Chaillot

C’est toujours le détail qui fait la différence.”

Julien Melia

En 2020, alors que se préparait la fermeture de la Salle Jean Vilar, un rapport du ministère de la Culture mettait au défi la future direction du Palais de Chaillot de faire vivre ses espaces intérieurs qualifiés d’hors normes. Une mission jamais vraiment relevée jusqu’alors selon les deux auteurs du rapport. Il est ainsi demandé l’écriture d’une “programmation intermédiaire s’appuyant sur les autres espaces du théâtre”.

Exposition dans le Grand Foyer – Photo © Photographie Simon Jung

Nommé à la présidence du Théâtre en avril 2021, Rachid Ouramdane fabrique avec ces ingrédients le programme Chaillot Expérience d’aujourd’hui. Celui-ci vise à faire des multiples espaces du théâtre une expérience artistique inattendue au Théâtre national de la danse. De son côté, l’édition 2024 de la Art Basel Paris ouvrait ses portes au Grand Palais du 18 au 20 octobre, et le Palais de Chaillot proposait non loin une carte blanche à POUSH, lieu d’artistes pour la création et l’exposition.

Vue de l’œuvre d’Amalia Laurent dans le Grand Foyer – Photo © Photographie Simon Jung

C’est ainsi que s’imagine pour la seconde année consécutive la programmation POUSH au Théâtre avec une exposition, une déambulation et trois performances. L’ambition de la soirée est de sublimer l’architecture du Théâtre et principalement le foyer de la danse où nous retrouvons les plus grandes fresques d’un bâtiment désigné musée d’art mural dès son inauguration en 1937. Le Grand Foyer est en effet l’œuvre d’une collaboration : d’un côté le peintre décorateur Gustave-Louis Jaulmes (1873-1959) se voit confier une quarantaine de mètres de mur ainsi que deux panneaux situés aux extrémités de la pièce, et de l’autre l’architecte Louis Süe (1875-1968) dessine le mobilier, les ferronneries et les luminaires. La présence de ces œuvres au sein de l’espace du Grand Foyer classe le bâtiment aux monuments historiques en 1980.

Performance d’Amalia Jaulin & Rodolphe Macabéo – Photo © Photographie Simon Jung

Comment se transforme donc cet espace déjà particulièrement chargé et intouchable en salle d’exposition et de performances ? Cette année, les artistes, inspiré.e.s par la nuit, expriment leur vision sous forme de rituels. L’artiste Amalia Jaulin, accompagnée de Rodolphe Macabéo, a ainsi proposé une sculpture sonore nommé Diaphonia. Suspendue grâce à un système en croix composé d’élingues reliées aux perches latérales des deux côtés de la nef, cette sculpture en Plexiglas fondu, retenant des petits bassins d’eau reliés à un hydrophone, évoque des paysages venus d’un autre monde.

Mais c’est également l’œuvre des technicien.ne.s qui ont œuvré à la métamorphose de ce site. Julien Melia, l’un des deux régisseurs lumière de cet événement, explique lors d’un entretien qu’une “appropriation progressive de l’espace est à l’œuvre avec la mise en place d’un kit d’exploitation depuis 2023”. Ce kit se compose principalement de LED Beam, d’Astera AX5 et d’Hyperion (tube LED de plus de 2 m), et est implanté de manière particulièrement régulière depuis les colonnes de la salle. Alors que la soirée se construisait en près de trois états distincts, l’installation de ce plan feu permet une mise en lumière continue des toiles d’Amalia Laurent qui rythmait l’espace mais également une conduite propre à chaque performance. L’ajout d’Astera PixelBrick que l’équipe technique manipulait à la main a complété ce setup et accompagné la déambulation d’Angélique de Chabot.

Œuvre d’Angélique de Chabot – Photo © Photographie Simon Jung

De son côté, Justine Pommereau, régisseuse son de l’événement, navigue grâce à sa régie mobile d’un côté ou de l’autre de la colonne à côté de laquelle elle est implantée. Elle explique dans un entretien que le Théâtre national de la danse se porte en “laboratoire sonore” depuis de nombreuses années (la Revue AS a déjà relaté les expériences de Marc Piera). Dans le cadre de l’exploitation du Grand Foyer, les enceintes colonnes Amadeus A470 (“colonnes d’Avignon”) n’ont pas été installées comme il est d’usage mais la couverture des six enceintes Amadeus C 15 ainsi que de deux subs Amadeus ML 28, accompagnés d’une console SSL Live 300, pouvait permettre une spatialisation de qualité des performances présentées.

Performance de Tilhenn Klapper & Mehdi Besnainou – Photo © Photographie Simon Jung

Prochainement, dans le cadre de Chaillot Expérience, du 21 au 23 novembre 2024, François Chaignaud et Geoffroy Jourdain présenteront un spectacle et un parcours de deux cabarets surprises dans tout l’espace du Théâtre.

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