Entretien avec Sylvie Chalaye

La scène face aux questions coloniales

Le débat antiraciste et postcolonial a pris, cette dernière décennie, en France et partout dans le monde occidental, un grand essor. Comme la plupart des milieux, artistiques ou non, le spectacle vivant se targue en général de ne recruter et de ne juger les artistes, les administratifs et les techniciens qu’au mérite et au talent, laissant de côté une discrimination structurelle. Professeure d’Études théâtrales à l’Université Sorbonne Nouvelle, Sylvie Chalaye nous éclaire sur l’histoire de la représentation des non-blancs sur nos scènes, et sur les logiques qui sous-tendent un débat parfois houleux.

Vous avez écrit un ouvrage intitulé Race et théâtre : Un impensé politique (Actes Sud, 2020). Le mot “race” a, ces dernières années, été repris par les militants antiracistes alors qu’il s’agit, au départ, d’un terme profondément raciste, renvoyant à une hiérarchie biologique des êtres humains dont nous savons aujourd’hui qu’elle n’a jamais existé. À quoi correspond ce déplacement contre-intuitif ? Et pourquoi appliquer ce mot au monde théâtral ? 

Sylvie Chalaye : Certes, la race n’existe pas, c’est une invention. Les scientifiques, anthropologues et historiens admettent aujourd’hui que la théorie des races est une fabrication idéologique et politique qui

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