Depuis sa création en 1990, le festival Sinfonia en Périgord est devenu un incontournable pour les amoureux de la musique baroque et un moment fort, reconnu dans la vie culturelle de la région. Son nouveau directeur nommé depuis deux ans, Sébastien d’Hérin, a fait appel cette année à l’ingénieur du son Félix Perdreau pour apporter une solution de diffusion différente et plus performante que la diffusion traditionnelle jusque-là utilisée dans le théâtre de Périgueux.
La proposition de passer sur une solution de diffusion sonore spatialisée a été retenue et mise en place pour le Festival. Pour une jauge de 800 places, la salle disposait d’une diffusion traditionnelle sous la forme de deux clusters gauche/droite composés chacun de quatre enceintes L-Acoustics ARCS II. Félix Perdreau a complété cette installation en installant seize enceintes Amadeus PMX 5 pour créer une rampe basse de diffusion sur le front de scène, puis ajouté un cluster central avec une L-Acoustics X15 pour obtenir un LCR sur la partie haute. L’ensemble de ces enceintes a été géré en spatialisé par un système Holophonix en mode natif. “L’exploitation en WFS d’une rampe bien fournie en bas et d’un simple LCR pour le haut fournit une diffusion spatialisée efficace et respectueuse de l’image sonore sur scène”, explique Félix Perdreau. “La rampe inférieure est calée normalement, tandis que la rampe supérieure, ici le LCR, est délayée pour forcer la préséance de manière à ajuster exactement l’image sonore en élévation.”
Quatre enceintes L-Acoustics 115 présentes dans le théâtre ont été installées en surround, deux sur le côté et deux à l’arrière. Elles ont été utilisées pour diffuser des effets de réverbération créés par une Altiverb XL en mode 5.1, alimentée depuis la console et gérée dans l’Holophonix en direct to master. Le choix de prise de son, une captation par instrument à 1 m avec des microphones Neumann et DPA, imposait l’utilisation d’une console, ici une Allen & Heath SQ–6 et des racks de scène DX168, reliée à l’Holophonix en Dante. “Chaque jour, les orchestres et les musiciens arrivaient et étaient horrifiés à la découverte de toutes ces enceintes et micros. Cinq minutes après avoir commencé à jouer, tout allait bien. Un musicien m’a même demandé de mettre la diffusion en service et je lui ai simplement répondu que je pouvais plutôt l’éteindre… C’était d’une facilité déconcertante à mixer. Je ne faisais quasiment que de la coupe bas et haut. Les musiciens et les directeurs artistiques étaient ravis. Ils ont même eu tout le loisir de me faire des demandes précises sur certains instruments, ce qui est plutôt inhabituel dans ce type de musique.”
Les configurations sur scène variaient chaque jour de manière importante et parfois même au sein d’un même programme, en passant du simple duo à des configurations complètes de vingt instruments. “Avec cette facilité de mixage, je n’avais pas besoin de faire de balances. Chaque soir, je préparais les mixages objets du lendemain sur plan en seulement une heure. J’ai créé une bibliothèque d’objets et de corrections de bases pour chaque instrument, que je rappelais à l’aide de snapshots à partir d’un iPad et du logiciel Open Stage Control. Tout ceci fonctionnait parfaitement dès l’arrivée des musiciens et je profitais de leur répétition pour affiner mes réglages. En travaillant en WFS full delay, j’étais très proche de la réalité au niveau du raccord visuel entre les objets à l’écran et sur scène. J’avais en plus compensé dans les bus du système Holophonix toute la latence de ma chaîne audio. Je pouvais avec ce mode obtenir une belle profondeur dans l’image sonore, ce qui n’était pas problématique car les instruments ne bougeaient pas. J’ai néanmoins remarqué que le nouvel algorithme WFS full delay de l’Ircam se comporte beaucoup mieux dans les déplacements en générant beaucoup moins d’artefacts sur les mouvements rapides, mais qui nécessitent alors plus de ressources de calcul.”
La direction du Festival a été tellement ravie de cette sonorisation spatialisée qu’une visite à la Cathédrale a été organisée pour évaluer la faisabilité d’intégrer ce lieu dans les programmations futures. Une éventualité validée par une configuration tri-frontale avec les musiciens dans la nef et des rampes basses de petites sources en WFS qui augmenteront le son direct vers le public. Celui-ci a d’ailleurs fait de nombreux retours de satisfaction et d’étonnement pour ceux qui n’étaient pas familiarisés avec ce type de sonorisation.