Le charme discret d’une banalité tragique
Who by Fire, chanté par Leonard Cohen dans Familie, accompagne le spectateur ébahi jusqu’à sa sortie de la salle. Deux pièces du triptyque la Trilogie de la vie privée – Familie et Grief and Beauty – mises en scène par Milo Rau, ont été présentées en alternance au théâtre de La Colline. Nous assistons aux gestes de la vie ordinaire qui, comme un rituel, nous mène vers le point de non-retour. Notre rencontre avec Milo Rau a permis un débat sur la dissection de la banalité de la vie, avec la mort en finalité. Fidèle à sa démarche de création questionnant le théâtre comme forme dramaturgique, il ausculte au plus près la réalité pour tenter de bouger les lignes entre l’illusion et l’imitation, la fiction et le documentaire.
En 2007, à Coulogne dans le Pas-de-Calais, la famille Demeester – un couple et leurs deux enfants de 30 et 28 ans – a été retrouvée pendue dans sa véranda sans aucune raison précise, avec un seul petit mot rédigé par la mère : “On a trop déconné, pardon”. Dans sa recherche autour de l’intime, le quotidien et la mort, Milo Rau se penche sur le mystère de ce suicide collectif