Le CFPTS : cinquante années de formation des métiers techniques du spectacle

À Bagnolet, le CFPTS (Centre de formation professionnelle aux techniques du spectacle) célèbre cinquante années d’existence. Au cours d’un entretien avec son directeur, Bruno Burtre, et sa directrice de formation, Béatrice Gouffier, nous avons ouvert l’album photos de l’histoire du CFPTS et esquissé l’avenir des formations des métiers techniques du spectacle.

Poster de la Gazette des 50ans du CFPTS – Photo © Marge Design

À l’ouverture du CFPTS, en 1974, quelles étaient les intentions sous-tendant sa création ?

Bruno Burtre : Le CFPTS naît de la Réforme de la formation professionnelle en 1971. La Réforme de la formation professionnelle continue dans le cadre de l’éducation permanente du 16 juillet 1971 a pour objet de permettre l’adaptation des travailleurs au changement des techniques et des conditions de travail. L’ensemble des syndicats des professions du spectacle vivant voit alors nécessaire la création d’un OPCA (Organisme paritaire collecteur agréé) : c’est la naissance de l’AFDAS. Une fois lancée, celle-ci accueille les fonds de formation et le CFPTS peut être lancé avec en vue la formation de nouveaux.elles technicien.ne.s.

Inauguration du bâtiment La Filière en 2018 – Photo © Alain Smilo

Existait-il déjà de telles écoles à destination des technicien.ne.s à l’époque ?

B. B. : Il n’y avait pas d’école du tout à l’époque. C’est pour cela que l’ensemble des syndicats de la profession a œuvré dans le sens de l’ouverture d’un centre de formation et qu’ils ont créé le CFPTS. Ils en ont fait une association avec les mêmes syndicats qui composent le conseil d’administration de l’AFDAS à l’époque.

Vue du théâtre pédagogique – Photo © Emmanuelle Saunier

Comment trouve-t-on les personnes à l’époque, à la recherche d’une formation technique ?

Béatrice Gouffier : À partir du moment où il y a un regroupement de syndicats d’employés et d’employeurs qui ont identifié le besoin de la création d’un organisme de formation, ils sont alors en contact direct avec le terrain. C’est une relation très privilégiée avec la demande. C’est un moment où la nécessité de la professionnalisation est apparue. À l’origine, les personnes qui œuvraient dans le spectacle vivant n’étaient pas issues de centre de formation. Cela n’existait pas, ils apprenaient tout sur le terrain.

B. B. : Les trois membres fondateurs du CFPTS sont la CGT Spectacle, l’ARENES (Association de représentation des établissements nationaux entrepreneurs de spectacle) et le SNDTP (Syndicat national du théâtre privé). C’est finalement grâce à l’ensemble de ces syndicats, qu’un centre de formation pouvait directement toucher l’ensemble des salarié.e.s du secteur.

Vue d’un montage lumière dans le théâtre pédagogique – Photo © Emmanuelle Saunier

Quelle est l’originalité de ce centre de formation ?

B.G. : Au cours du temps, le CFPTS s’est doté d’une surface et d’un équipement ne connaissant aucun équivalent en Europe. Après avoir passé une semaine au petit théâtre, conçu afin d’appréhender et mettre en pratique la machinerie théâtrale de manière pédagogique, des machinistes de l’Opéra de Paris témoignaient il y a quelques semaines encore : “C’est le plus beau plateau pédagogique que nous connaissons”. Par ailleurs, l’originalité de l’École est sa proximité aux métiers qui permet le développement d’un réseau professionnel dès l’entrée de l’étudiant.e ou de l’apprenti.e.

Vue du montage de la soirée anniversaire du CFPTS – Photo © Emmanuelle Saunier

Comment la formation s’est-elle adaptée aux évolutions et bouleversements des métiers du secteur ?

B.G. : L’ensemble de nos formateur.ice.s sont tou.te.s des professionnel.le.s en activité ; nous sommes ainsi en permanence au cœur des évolutions technologiques. Du côté de la partie règlementaire, nous travaillons au départ avec la directrice juridique du ministère de la Culture afin de mettre en place la formation sur les licences exploitants par exemple. Nos équipes de formateur.ice.s sont également des personnes qui assurent une veille juridique permanente. Nous sommes ainsi devenus la réforme au sein du secteur d’activité, tant du côté des nouvelles technologies que de l’actualisation et la mise à jour des connaissances réglementaires.

B. B. : Entre 1974 et 2000, il existe au CFPTS uniquement la formation continue avec des formations courtes et longues, notamment de reconversion. En 2000, nous lançons l’apprentissage et avons formé depuis près de 1 000 apprentis. Le CFPTS détient ses propres titres au RNCP (Répertoire national des certifications professionnelles) faisant ainsi des diplômes proposés au sein de l’établissement des diplômes reconnus d’État.

Décors de la Soirée anniversaire du CFPTS – Photo © Emmanuelle Saunier

Quels sont les nouveaux pôles ouverts ces dernières années et quels sont les futurs enjeux d’une telle école ?

B.G. : Nous sommes à la pointe au sujet de l’ensemble de l’administration des réseaux scéniques. Cela fait suite à l’évolution des salles de spectacle, qui lorsqu’une nouvelle s’ouvre, elle intègre systématiquement un équipement en réseaux scéniques. Nous avons aussi développé nos formations au regard des luttes contre les VHSS (Violences et harcèlement sexistes et sexuels). Notre offre de formations dans le catalogue 2025 évolue à la demande d’une partie du secteur et nous proposerons ainsi une formation qui explore les outils numériques de réalisation de décors et accessoires à l’aide d’une Commande numérique informatisée telle qu’une découpe laser ou de l’impression 3D.

B. B. : De manière plus transversale, cela fait quelques années que nous avons des formations au sein de notre catalogue qui concernent notamment la RSO (Responsabilité sociétale des organisations) et des Entreprises (RSE). Nous proposions des modules adressés aux régisseur.euse.s généraux et directeur.rice.s techniques, mais la demande devient plus spécifique et plus ouverte. Elle concerne maintenant des opérationnels de type écoresponsabilités. L’offre qui touche à ces sujets s’étoffera ainsi dès la sortie du catalogue 2025 qui se déploie à travers la formation longue “métier” et au travers de certaines formations courtes spécifiques telle que “décors écoresponsables”. Après la formation des cadres, nous visons à transmettre ces démarches directement aux technicien.ne.s.

Vue des commandes de porteuses du théâtre pédagogique – Photo © Emmanuelle Saunier

Si nos formateur.rice.s sont des professionnel.le.s du secteur, nous savons aussi nous entourer d’expert.e.s reconnu.e.s lorsqu’il s’agit des questions RSE/RSO. Nous avons ainsi été accompagnés de membres du Collectif 17h25, Les Augures, Arviva sur ces questions notamment.

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